Emblématiques, points de repères montréalais, les incinérateurs de Montréal sont visibles de nombreux balcons et terasses. Toutefois, ils sont aujourd'hui délaissés, inaccessibles et sont des sites de réputation controversée importants de l'histoire de la ville.
Les passés industriels des deux sites incluent, en plus de l'incinération de déchets, l'entreposage de véhicules, l'exploitation de carrières de pierre grise, une écurie servant l'incinérateur, les chemins de fer de marchandises qui les bordent, sans mentionner les nombreuses industries lourdes qui ont entouré les incinérateurs à différentes époques. Les sites sont contaminés, délabrés, et hostiles à la présence humaine; monstres aux dents de feu qui autrefois se sont nourris de nos rejets et mals-aimés, ils sont aujourd'hui totems de notre consommation effrénée dans le paysage montréalais.
Notre fil conducteur est la décontamination du site par la phytoremédiation. Cette science est encore bourgeonnante mais toutefois validée scientifiquement, et plusieurs villes européennes et asiatiques l'ont intégrée à des projets fructueux de revalorisation de friches industrielles. L'idée est simple : certaines plantes dites hyperaccumulatrices peuvent absorber, emmagasiner et même dégrader et métaboliser des composants toxiques tels que les métaux lourds, solvants, explosifs, pétrole, pesticides et autres. Les sols sont donc progressivement décontaminés à prix moindre, et, d'une pierre deux coups, valorisent le site grâce à leur attrait paysager.
Plusieurs de ces plantes sont adaptées au climat et parfois même indigènes à l'Amérique du Nord, et incluent des plantes surprenament familières telles que le saule (qui emmagasine l'argent), le tournesol (qui emmagasine le chrome, le cuivre, le magnésium et le zinc) et les hortensias (qui emmagasinent l'aluminium). Encore plus surprenant est notre capacité à récolter ces plantes et en extraire les métaux à la fin de la saison; cette technique est appelée le phytominage.
Le site devient alors laboratoire à ciel ouvert, une opportunité d'observer et étudier le phénomène de la phytoremédiation pour étudiants, chercheurs et grand public confondus. À Montréal, l'Institut de recherche en biologie végétale - une collaboration entre l'université de Montréal et le Jardin botanique - comporte déjà un département en recherche phytotechnique. Ceci serait une opportunité de développer ce domaine de recherche tout en sensibilisant la population.
Au-delà de la science de la phytoremédiation, on trouve dans le mot une façon autre d'imaginer le site : Phyto, un mot grec qui signifie plante, et Remedium, un mot latin qui signifie restaurer l'équilibre. Par notre geste, on souhaite décontaminer les sols de façon littérale, mais aussi restaurer l'équilibre d'une relation brisée entre une société et ses déchets, entre un site qui se contamine par son programme-même, et entre l'homme et la nature.
Le programme du site des Carrières inclut des ateliers de revalorisation, une agora, des locaux de laboratoire, de classes et de bureaux pour les chercheurs et étudiants, des locaux collaboratifs avec l'écocentre de la Petite-Patrie pour étendre leurs activités, un parcours sur l'histoire du site et de la gestion des déchets au Québec, ainsi qu'un parc proposant plusieurs qualités d'espaces. L'incinérateur Dickson, différent par son quartier industriel plutôt que résidentiel, pourrait accueillir des industries vertes émergentes, bureaux, laboratoires et salles de recherche, tout en recevant les mêmes interventions de phytoremédiation.
(Tiré du texte du concurrent)
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