S’il-vous-plait, dessine-moi un troisième lieu
À constater la récurrence de cette attente dans les programmes de concours pour des édifices publics, il est temps d’ouvrir le débat. En 2014, l’équipe Chevalier Morales et DMA architectes a remporté l’adhésion d’un jury à la recherche à la fois d’une architecture singulière, iconique, emblématique mais aussi et surtout d’un
« troisième lieu ». À travers ce concept équivoque, le concours de la bibliothèque de Drummondville interroge la nécessité d’une nouvelle définition de la bibliothèque contemporaine elle-même.
Créé en 1989 par Ray Oldenburg, le terme de
« troisième lieu » ou
« tiers-lieu » (« Third place ») désigne des espaces différents du logement ou du lieu de travail et admettant des rôles sociaux et civiques importants. Ils se caractérisent par plusieurs points dont certains semblent contradictoires autant avec l’essence d’une bibliothèque - le stockage de livre et leur lecture - qu’avec les ambitions qu’alimentait le jury du concours à Drummondville - une architecture-signal susceptible de devenir le symbole de la ville qui l’accueille -. En effet, selon Oldenburg, les troisièmes lieux seraient des espaces traités avec
sobriété et simplicité, notamment à l’intérieur, dans lesquels
la conversation serait l’activité principale. On comprend dès lors la difficulté devant laquelle se trouvaient les 4 équipes finalistes face à des objectifs parfaitement antinomiques.
Une enveloppe de $15,5M était prévue pour permettre à l’institution de s’installer sur un îlot situé entre la gare et l’hôtel de ville de Drummondville, connecté par une bande étroite à l’une des principales artères commerçantes de la ville. Le programme prescrivait une bibliothèque
« du 21e siècle » cohabitant avec la Société d'histoire de Drummond et le Service arts, culture et immigration au sein du futur édifice. Défini comme un catalyseur du développement économique culturel et social de la ville, ce
« troisième lieu » était censé faciliter la
« convergence des Drummondvillois ».
Pour répondre à cette problématique de convergence urbaine, l’équipe Menkès Shooker Dagenais Letourneux architectes proposait une place publique polyvalente appelée la
« plaque unificatrice » sur laquelle l’édifice s’implantait comme
« un pavillon au cœur d’un pôle civique ». Ce faisant, la bibliothèque est pensée par les architectes comme un écrin intime et paisible, lieu de réflexion et de contemplation. Les concepteurs mentionnent le fameux
« troisième lieu » mais ils le rattachent à l’empathie que le bâtiment génèrera chez ses usagers en faisant un projet résolument tourné vers l’introspection des individus. En imaginant une collection d’espaces dédiés à la lecture ayant chacun une atmosphère propre, l’équipe défend une vision plutôt classique de la bibliothèque cohérente avec la sobriété de la proposition que le jury qualifiera de
« conventionnelle », regrettant l’absence de geste architectural distinctif.
À contrario, le projet de l’atelier TAG et Jodoin Lamarre Pratte architectes a su conquérir le jury grâce à sa
« superbe » entrée et au béton sérigraphié
« remarquable » de son parvis. Si certaines réserves ont été émises quant à la résistance aux intempéries du voile qui rassemble les différents éléments du programme en toiture, il a néanmoins été qualifié de
« spectaculaire ». Ces nombreux superlatifs trahissent la recherche d’un objet, d’une architecture-symbole de la part des membres du jury dans les différents projets. Malgré cet engouement formel et les qualités remarquées de son organisation intérieure, le projet est apparu confus dans ses choix d’implantation urbaine. Or, cet aspect, sans pour autant être mentionné de manière explicite dans le programme délivré aux candidats, a été examiné avec attention dans chacune des propositions.
La proposition de Lemay+LAB se démarquait sur le plan urbain en utilisant l’étroite bande pour proposer une entrée de l’édifice de plain-pied sur l’artère commerçante. Saluée par le jury, cette implantation audacieuse a nécessité un déploiement du bâtiment tout en longueur entrainant nombre de complications internes ce qui a finalement desservi le projet. Par ailleurs, le volume de verre dominant le site a été très apprécié pour son traitement architectural, même si son éloignement des axes de circulation a déçu un jury qui aurait aimé combiner ses qualités de bâtiment-signal avec la présence de l’entrée sur la rue pour faire de l’édifice un repère urbain à l’échelle de Drummondville. Une autre particularité remarquée fut l’attention accrue portée à la dimension locale du projet à travers la volonté forte d’intégration de la communauté et les références explicites au passé industriel du textile de la région.
L’équipe lauréate, Chevalier Morales et DMA a également été saluée pour les nombreuses références à l’histoire de la ville tant dans le matériau résolument industriel choisi pour l’enveloppe de la proposition que dans sa démarche urbaine, environnementale et paysagère avec notamment le jardin des voltigeurs. Outre la mise en scène de l’institution depuis l’échelle urbaine jusqu’à l’intérieur du bâtiment, c’est grâce à une réponse originale au concept de
« troisième lieu » qu’elle s’est véritablement démarqué. A l’extérieur, la stratégie urbaine est fondée sur un réseau de
« places civiques », susceptibles de s’étendre au gré des acquisitions foncières de la ville, qui connecte le site à son contexte, notamment à l’artère commerçante. Une expression architecturale remarquable rend le projet « iconique » dans les mots du jury en réaffirmant son caractère spécifique à Drummondville. A l’intérieur, le concept est formalisé par un escalier/café monumental, centre névralgique du
« tiers-lieu » tel que défini par Oldenburg. Bien que cet objet architectural pose plusieurs problèmes de circulation et de fonctionnalité des lieux (en tant que bibliothèque), son caractère sculptural distinctif soulignait encore le trait emblématique visiblement recherché par le jury qui a défendu le projet contre certaines réserves exprimées par le comité technique.
En 2018, la bibliothèque publique semble être devenue le programme symbole du « tiers-lieu » malgré la contradiction manifeste que ces deux concepts partagent : converser et lire en même temps. Résoudre ce paradoxe implique de considérer la nouvelle mission des bibliothèques au tournant des années 1980 à savoir : le stockage et le prêt de contenus culturels audiovisuels puis numérique dont la consultation sur place est difficile voire impossible. Dès lors, on comprendra que la bibliothèque abandonnera peu à peu son rôle classique de temple du savoir, paisible et propice à l’étude pour se rapprocher d’un rôle étymologique qu’elle n’a jamais seulement eu
« biblio- thḗkē », littéralement « lieu de dépôt à livre » : un lieu où l’on vient seulement emprunter des documents (qu’ils soient support pour des données numériques ou non). Cette nouvelle bibliothèque ou « médiathèque » peut alors admettre plusieurs autres programmes dont celui du fameux
« troisième lieu » qui conserve et enrichi la fonction politique et symbolique qui a toujours caractérisé ce genre d’édifice depuis les grandes bibliothèques antiques, allégorie de la puissance des villes qui les bâtirent. D’un simple dépôt, la bibliothèque serait donc destinée à devenir le forum de la ville contemporaine.
Le concours de Drummondville nous montre une fois de plus que cette mutation typologique peut désormais faire de la bibliothèque l’étendard urbain d’un engagement institutionnel culturel autant qu’un « tiers-lieu » de convergence publique. Cependant, ce concept reste toutefois équivoque. Dans l’œuvre éponyme d’Antoine de Saint Exupéry (1947), le Petit Prince demande par trois fois à « l’aviateur » de lui dessiner un mouton avant d’être satisfait par le dessin d’une boite trouée qui le laisse imaginer ce qu’il veut. Le
« troisième lieu » est une boite conceptuelle de la même sorte qui dissimule les attentes précises des commanditaires à des architectes qui doivent pourtant proposer à l’aveugle un projet qui s’y conforme. L’architecture doit révéler le concept, soulever la boite.
Les besoins des Drummondvillois ont été reconnus et c'est en 2016 qu'ils verront enfin leur nouvelle bibliothèque. La Ville de Drummondville, a entrepris depuis plusieurs années diverses études menant à la préparation de la construction d'une nouvelle bibliothèque sur son territoire. Avec l'octroi de la subvention annoncé par le Ministère de la Culture et des Communications en février dernier, ce projet majeur prend maintenant un virage déterminant vers sa réalisation.
Ce concours d'architecture représente une phase des plus importantes dans le cadre de la planification de ce bâtiment municipal. Il fait suite à la réalisation de plusieurs études dont un programme détaillé des besoins, l'établissement des objectifs visés, une estimation des coûts du projet ainsi que des études sur le site même. Toutes ces données sont présentées dans les documents du concours énumérés précédemment. Par la tenue de ce concours, le Promoteur souhaite bénéficier de la créativité des architectes québécois pour l'élaboration d'un concept à la hauteur de ses attentes, soient : un troisième lieu dynamisant ce secteur de la ville, une bibliothèque du 21e siècle accessible et tournée vers les nouvelles technologies, un édifice de grande qualité qui deviendra un point de convergence pour tous les Drummondvillois. Les services qui y seront offerts permettront d'appuyer le développement économique, culturel et social. Les concepts présentés devront soutenir ce rôle qu'aura la nouvelle bibliothèque municipale.
Ainsi, le Candidat, à la première étape du concours, devra démontrer sa capacité de comprendre les enjeux et de les exprimer par des approches conceptuelles originales. L'expérience du Candidat spécifiquement dans la réalisation de bibliothèque ne sera pas nécessairement un atout dans l'évaluation des Dossiers de candidature. Les Candidats devront convaincre les membres du Jury que le concepteur possède les qualités requises pour relever le défi et que leur approche conceptuelle rejoint les objectifs du Promoteur.
Le projet se situe sur la rue Lindsay entre la rue des Forges et la voie ferrée. Ce site accueillera également une patinoire et son bâtiment de services. Des travaux de décontamination du site sont déjà terminés. La superficie projetée du nouvel édifice est de 4 885 mètres carrés. De cette superficie, la bibliothèque occupera 4 048 mètres carrés, alors que la Société d'histoire de Drummond et le Service arts, culture et immigration occuperont 667 mètres carrés. Les 170 mètres carrés restant seront dédiés à l'aménagement d'un café et d'une terrasse.
La conception et la construction de l'édifice devront atteindre une certification LEED de base ou de niveau supérieur tout en respectant l'objectif budgétaire.
Le budget de construction est de 15 500 000 $ avant les taxes. Le Promoteur ainsi que son partenaire financier, le MCC, portent une grande importance au respect de ce budget. À cet égard, tous les Candidats devront démontrer leur capacité de rencontrer cette exigence.
(Extrait du règlement du concours)
Après les présentations, les membres du jury ont fait part de leur appréciation de l'entrevue, et ce, en l'absence des finalistes. Les commentaires suivants ont été recueillis :
Présentation de Atelier TAG / JLP :
- Ce finaliste était manifestement très content de sa participation à la 2e étape du concours.
- La portion de la présentation faite par Manon Asselin était très claire et structurée.
- L'introduction au sujet de la bibliothèque du 21e siècle a été appréciée.
- Le jury a eu l'impression de ne pas avoir eu toute l'information prévue par manque de temps dans la seconde portion de la présentation.
- Le travail d'équipe a été bien perçu dans la prestation mais était moins senti lors de l'entrevue.
- Le souci de la clientèle est bien exprimé.
- Les différentes ambiances contenues dans ce projet étaient bien expliquées et appuyées par des perspectives appropriées.
- Les réponses aux questions du jury étaient satisfaisantes à l'exception des installations pour la patinoire. Aussi, les réponses aux questions concernant les performances du voile unificateur en conditions hivernales laissent les membres du jury perplexes.
Présentation de Lemay :
- Éric Pelletier a livré une présentation plutôt informelle mais fort intéressante et très convaincante. L'éclairage apporté sur plusieurs aspects a permis de mieux apprécier le projet.
- Le présentateur maîtrise l'ensemble du projet. Bien qu'il ait fait allusion au travail de son équipe, les membres du jury se sont demandés pourquoi le concepteur s'est présenté seul à l'entrevue.
- Le jury a souligné la sensibilité du concepteur envers l'intégration de la communauté au projet.
- La mise en contexte de l'expérience de l'usager dans chacun des espaces a été appréciée.
- Les membres du jury ont noté la volonté du finaliste à collaborer et à établir un dialogue avec le promoteur pour la suite du développement du projet.
Présentation de Menkès Shooner Dagenais Letourneux :
- Le jury a souligné une belle synergie des quatre présentateurs. Le travail d'équipe a été bien senti.
- Les membres du jury ont apprécié la précision apportée par Yves Dagenais en soulignant que la Ville sera assurée de l'implication personnelle de chacun d'eux jusqu'à l'inauguration de la bibliothèque.
- Les explications sur la plaque unificatrice méritaient grandement d'être entendues par les membres du jury afin de partager l'enthousiasme du concepteur, Jean-Pierre Letourneux.
- Le finaliste s'est exprimé positivement sur son ouverture pour développer le projet en collaboration avec le promoteur,
- Le contrôle des coûts a été abordé avec confiance et clarté.
- Le jury a été plutôt insatisfait de la réponse fournie quant à l'absence d'un jardin intérieur.
Présentation de Chevalier Morales + DMA :
- La présentation est bien structurée et le projet est expliqué dans une synthèse claire de la démarche.
- Les quatre présentateurs reflètent une bonne complémentarité dans leur volet respectif de conception, de la technique ainsi que du contrôle des coûts et de l'échéancier.
- Les explications de la construction du projet par lots sont appréciées et démontrent une compréhension des préoccupations budgétaires de la Ville.
- Le jury aurait souhaité une mise en contexte de l'usager dès son entrée dans l'édifice.
Avant de comparer les projets, les membres du jury ont soulevé les points suivants sur chacune des quatre prestations.
Prestation de: Menkès Shooner Dagenais Letourneux architectes
- L'ensemble du projet est bien maîtrisé et on note une bonne insertion urbaine.
- Malgré les explications concernant la plaque unificatrice, le jury demeure très sceptique sur son fonctionnement réel. En plus de son coût important, on y voit mal la cohabitation d'activités récréatives avec la fonction de stationnement. Lors d'évènements sur cette plaque, où stationneraient les participants? On y remarque également que c'est un stationnement sur lequel les manoeuvres peuvent être difficiles en raison des culs-de-sac dans chaque allée. Ce projet nécessite l'acquisition du lot adjacent pour l'aménagement de la plaque unificatrice.
- L'implantation du bâtiment semble avoir été coincée vers le centre commercial adjacent pour faire place à la plaque unificatrice.
- L'agrandissement futur de la Société d'histoire de Drummondville est clairement démontré.
- Les gradins verts extérieurs représentent un aménagement attrayant. Il est toutefois précisé qu'ils
ne serviraient probablement pas aux spectateurs à la patinoire en hiver.
- Le positionnement du bâtiment de service pour la patinoire laisse le jury perplexe. Est-ce un type de bâtiment qui devrait être présent sur la rue Lindsay? Son usage n'a rien de complémentaire à ceux présents sur cette artère commerciale.
- L'aire de livraison présente un problème d'accès ou d'issue car les manoeuvres devront être effectuées sur la voie publique en raison du manque d'espace pour tourner un véhicule.
- L'entrée des employés est très loin du stationnement. Il est à prévoir que les employés emprunteront plutôt l'entrée principale.
- Le traitement architectural est apprécié mais sans enthousiasme. On y perçoit une certaine similitude avec le futur Centre de foire de Drummondville.
- Le bâtiment est qualifié de conventionnel. Un effort conceptuel plus marqué était attendu.
- Les concepts techniques sont simples et le jury y trouve une proposition rassurante et sans risque au niveau de l'édifice. Le choix des matériaux utilisés est intéressant.
- Ce projet est reconnu comme étant celui qui respecte le plus le programme au niveau du fonctionnement interne. Cependant, les espaces intérieurs y sont très sobres et sans volume impressionnant.
- La position du café à proximité du terminus est un atout.
- Les ouvertures dans le plancher de l'étage ne sont pas significatives. Un traitement particulier de l'escalier y aurait été souhaité.
- L'organisation du rayonnage à l'étage est monotone, mais il est noté que la flexibilité de l'espace peut offrir d'autres agencements.
- L'aménagement du salon bleu est apprécié, toutefois son accès avec un chariot rempli de livres peut y être difficile. Une adaptation de l'ascenseur pourrait permettre un meilleur accès.
- Le jury apprécie l'aménagement et le traitement du comptoir du prêt.
- La fluidité de la circulation intérieure est soulignée positivement.
- Les mesures proposées en développement durable permettront l'atteinte des objectifs.
- L'estimation des coûts présentée respecte le budget visé.
Prestation de: Chevalier Morales + DMA architectes en consortium
- La recherche urbanistique élargie et l'approche conceptuelle en découlant sont appréciées par le jury. Les caractéristiques drummondvilloises forgent ce projet et le rendent unique et spécifique à la Ville.
- Le positionnement sur la rue des Forges permet une présence marquée de la bibliothèque dans son milieu.
- L'insertion du bâtiment sur le site et sa relation avec la patinoire, avec le terminus et avec le stationnement permet une intégration optimale de tous les équipements sur le site.
- Cette proposition présente un projet iconique pour la Ville par l'expression du parti architectural tant extérieur qu'intérieur.
- L'aménagement d'une place publique sur la rue Lindsay crée un lien continu avec l'ensemble des installations.
- La patinoire est particulièrement bien intégrée au projet. Son lien avec la bibliothèque se tisse jusqu'à l'intérieur de cette dernière par des gradins donnant une vue sur les activités extérieures qui s'y déroulent.
- L'aménagement d'un sentier glacé parcourant le site et passant à travers la bibliothèque ajoute au projet un aspect d'intégration sociale et d'animation des lieux des plus intéressants.
- Le concept d'insertion de points lumineux sur le site est souligné positivement par le jury.
- La souplesse de la proposition quant à l'acquisition ou non du lot adjacent est appréciée.
- Malgré la proximité du terminus, la circulation véhiculaire sur ie site n'entre pas en conflit avec la circulation des autobus.
- Le stationnement est bien situé et permet une circulation fluide.
- La référence au passé industriel de Drummondville par l'introduction d'acier bleuté dans
l'enveloppe du bâtiment séduit les membres du jury.
- L'importante profondeur des porte-à-faux laisse un doute dans la faisabilité de réaliser cette structure tel qu'illustré.
- L'absence d'entrée principale donnant directement sur la rue des Forges laisse le jury perplexe.
- Malgré les obstacles à la circulation qu'il peut causer, les membres du jury apprécient l'escalier sculptural installé dans un espace ouvert et animé par le café.
- La contrainte du partage de l'espace escalier-café exprimée par le comité technique est plutôt perçue comme un avantage par le jury. Il y voit une opportunité d'accueillir les nouveaux étudiants universitaires dans un milieu informel (s'approchant d'un café-librairie) au sein même de la bibliothèque, en cohabitation avec des utilisateurs du transport en commun ou des parents en attente. Dans d'éventuelles discussions avec les autorités de la Ville, l'opération de ce type de café pourrait être offerte à des «obnl» drummondvilloises cherchant du financement, tel que proposé par ce finaliste.
- L'ambiance intérieure est appréciée. L'utilisation du bois contribue à cette appréciation.
- Des questionnements sont soulevés quant à la fonctionnalité des lieux. Le contrôle des espaces pose des difficultés en raison de l'obstruction visuelle créée par la masse centrale, soit la superposition de la salle multifonctionnelle au rez-de-chaussée et de la salle mécanique à l'étage. De plus, cette masse provoque le morcellement des collections.
- Le choix du positionnement de la salle mécanique au-dessus de la salle multifonctionnelle laisse le jury sceptique quant aux prouesses acoustiques à développer par le concepteur.
- Le comptoir prêt-retour permet une supervision des lieux très limitée en raison de sa position. Par
contre, son aspect comptoir d'hôtel plaît à certains membres du jury.
Le choix du finaliste de proposer deux entrées principales est perçu comme une contrainte importante par le comité technique au point de vue du contrôle des lieux. Cependant, le jury y voit plutôt une préoccupation de mieux servir le citoyen qui arrive soit en automobile (stationnement à l'arrière) ou soit en transport en commun (terminus sur des Forges).
- L'approche proposée en développement durable présente une vision globale favorisant plusieurs mesures intéressantes. La démarche n'est pas une simple recherche de points LEED. La proposition de partager un système de géothermie entre la patinoire et la bibliothèque constitue une préoccupation exemplaire.
- L'estimation des coûts du projet a été bien détaillée et respecte le budget visé.
Prestation de: Lemay + LAB
- Les références au passé industriel du textile sont appréciées par le jury.
- Le geste du concepteur de tendre la main au centre-ville par une implantation du bâtiment sur la rue Lindsay est fort audacieux. L'insertion y est délicate. Toutefois, les inconvénients y sont nombreux.
- Le stationnement prend une place dominante sur le site et ne sert pas bien l'usager en raison des distances de marche pour atteindre l'entrée principale.
- Une problématique importante est soulevée quant à l'aire de livraison. L'aménagement proposé exigerait l'établissement d'une nouvelle servitude de passage sur le lot voisin. L'étroitesse du site dans ce secteur laisse peu ou pas d'autre solution possible.
- La présence de la bibliothèque sur la rue Lindsay demeure timide mais à l'échelle urbaine de ce secteur. Étant donné l'implantation proposée, le jury aurait aimé voir une franche perspective depuis la rue Lindsay.
- L'édifice est sectionné en deux parties distinctes. Celle donnant sur la rue Lindsay offre un traitement architectural peu convaincant.
- Le volume marquant en verre, se trouve à l'arrière et en retrait des deux axes de circulation. Le
jury souligne cette déception car le traitement architectural et le mouvement du verre de cette portion de l'édifice séduisent les membres du jury.
- Le caractère longitudinal du bâtiment et son fractionnement en deux parties compliquent le fonctionnement interne de l'ensemble des opérations quotidiennes. Les distances de parcours sont multipliées et les services techniques et administratifs sont situés à l'extérieur du périmètre public et sécurisé de la bibliothèque.
- Bien que le café puisse marquer une présence intéressante et animer la rue Lindsay, il se trouve complètement détaché du secteur public de la bibliothèque. Il semble que le café ne sert plus la bibliothèque mais devient un simple café de plus sur cette artère commerciale. L'objectif d'attirer le citoyen à la bibliothèque par cette rue semble très incertain.
- Le jury reconnaît et apprécie les espaces intérieurs du secteur public de la bibliothèque. La luminosité et la chaleur des lieux bonifient l'expérience de l'usager. Les alcôves de bois sont particulièrement appréciées.
- Les salles d'animation et multifonctionnelle n'ont pas été juxtaposées. Cette décision du concepteur affecte négativement la programmation des activités offertes aux usagers.
- Malgré les explications de l'architecte, le jury se questionne sur l'impact du choix d'aménager le secteur 0-5 ans près du secteur des nouveautés-actualités, et qui n'est pas toujours fréquenté par des parents de jeunes enfants.
- Les mesures appliquées pour la certification LEED ont été bien considérées et intégrées au projet.
- L'estimation des coûts présentée respecte le budget visé. Il y persiste toutefois un certain questionnement sur divers éléments, notamment pour l'enveloppe du bâtiment et la toiture verte. Le périmètre particulièrement élevé de ce projet augmente les surfaces d'enveloppe extérieure.
Prestation de: Atelier TAG + Jodoin Lamarre Pratte architectes en consortium
- Le point d'ancrage du bâtiment sur le site demeure un élément incompris par les membres du jury. Il en est de même pour l'aménagement d'ensemble du site et l'orientation de ses neuf zones.
- On note, à regret, l'absence de lien avec la rue Lindsay.
- Les sentiers aménagés ne tiennent pas compte du comportement humain. Il est à prévoir que d'autres sentiers se formeront liant les points d'intérêts par le plus court chemin.
- Le respect de l'échelle urbaine du secteur est apprécié.
- Le concept proposé suscite des opinions partagées quant à la présence d'un toit unificateur surplombant les quatre modules. D'une part, le geste d'unifier les différents pôles est bien reçu. Sa présence est spectaculaire. Mais, est-ce en même temps l'aveu d'un manque d'unité dans ce lieu?
- Les pointes du voile unificateur sont qualifiées d'agressantes. Mais les contraintes majeures qu'on y voit sont la composition même de cette structure et son entretien. De fortes inquiétudes sont exprimées quant au comportement des accumulations de neige en situation de gel-dégel. Les réponses fournies par le finaliste à ce sujet n'ont pas convaincu les membres du jury. Cet élément innovateur composé de métal déployé ne semble pas adapté à notre climat. Ce voile permettrait-il d'y marcher pour en faire l'entretien, et dans quelles conditions sécuritaires?
- Le concepteur offre une entrée et un parvis qualifiés de «superbes». De plus, les usages internes qui les bordent sont tout à fait appropriés. Le béton sérigraphié du parvis est remarquable.
- L'accès au stationnement se fait directement via la rue des Forges, sans interférence avec la circulation du terminus d'autobus. Ce stationnement partagé pour les patineurs et les usagers de la bibliothèque est bien situé mais, en raison de sa configuration, il peut engendrer de longs parcours pour accéder à l'un ou à l'autre.
- Le bâtiment de service pour la patinoire est absent de la proposition.
- La planification de l'édifice permet un très bon respect du programme au niveau de son fonctionnement interne.
- La position du café à proximité du terminus est un atout.
- La présence du jardin intérieur combinée à de nombreuses vues sur l'environnement extérieur permet aux usagers de bénéficier de multiples endroits pourvus d'éclairage naturel et d'une ambiance paisible que procure la présence constante de verdure.
- La circulation intérieure y est fluide et, l'organisation et la compréhension des espaces y sont limpides.
- La flexibilité des espaces est mis en doute en raison de l'essence même du concept et de ses quatre pôles distincts bien délimités.
- Une bonne visibilité des différents secteurs est assurée depuis les divers points de contrôle.
- La disposition des salles d'animation et multifonctionnelle permet une optimisation des activités pouvant s'y dérouler.
- Les possibilités d'agrandissement du secteur de la Société d'histoire de Drummondville ne sont pas illustrées.
- Les efforts démontrés en développement durable sont appréciables.
- L'estimation des coûts présentée respecte le budget visé.
Désignation du lauréat
Après avoir échangé leurs commentaires sur les quatre propositions, il a été proposé et accepté à l'unanimité d'écarter le projet de Lemay + LAB en raison des points suivants :
- Les lacunes importantes du fonctionnement interne;
- La section de verre de l'édifice (en rappel à l'industrie du textile et la plus intéressante du projet) se
situant en arrière lot et par conséquent peu visible d'une rue ou de l'autre;
- Le traitement architectural peu attrayant de la section donnant sur la rue Lindsay;
- Le manque de flexibilité d'un bâtiment sectionné en deux parties distinctes;
- Le positionnement du café complètement détaché des espaces utilisés par les usagers de la
bibliothèque;
- La problématique de servitude pour l'aire de livraison.
Les discussions se sont poursuivies avec les projets TAG+JLP, CM+DMA et MSDL. Les membres du jury reconnaissent le projet de MSDL comme étant celui respectant le mieux les exigences du programme. Il s'agit toutefois d'un critère parmi les onze évalués. Il est qualifié comme étant le projet le moins innovateur des quatre projets présentés. Très fonctionnel et très sage. Le jury le met de côté en raison d'un grand scepticisme exprimé quant au fonctionnement réel de sa plaque unificatrice, élément indissociable de l'ensemble de ce concept. De plus, les deux autres projets proposent des concepts nettement plus marquants pour la Ville.
Les discussions subséquentes se sont poursuivies avec les projets TAG+JLP et CM+DMA. Toutefois, et malgré les grandes qualités de ce projet, une importante inquiétude persiste quant au voile métallique proposé. Le finaliste n'a pas convaincu le jury que cette installation innovatrice serait sans inconvénient pour les usagers en raison du climat. De plus, l'aspect entretien et l'accès à cet élément laissent des questions sans réponse rassurante pour les membres du jury. Le jury ne souhaite pas recommander à la Ville un projet qui pourrait exiger dans l'avenir des investissements supplémentaires soit pour corriger un élément qui n'est pas conçu pour notre climat ou, soit pour de l'entretien supplémentaire que demanderait une telle structure. La proposition de TAG+JLP a donc été écartée du processus pour cette principale raison.
Le jury a de nouveau considéré le projet de MSDL et a procédé à la comparaison de ce dernier avec le projet CM+DMA. MSDL propose un bâtiment qui fonctionne bien mais un stationnement (ou plaque unificatrice) qui suscite beaucoup de questions et qui ne peut fonctionner sans l'achat du lot adjacent. Il propose des façades articulées, mais le traitement architectural intérieur ne provoque pas d'émotion particulière.
D'autre part, le principal élément négatif du projet de CM+DMA réside dans son fonctionnement intérieur. Cependant, ce projet iconique pour la Ville répond aux attentes du promoteur quant à la réalisation d'un troisième lieu dynamisant, un lieu de convergence pour les drummondvillois.
Les membres du jury ont voté à majorité et recommandent à la Ville le projet de Chevalier Morales + DMA architectes en consortium à titre de projet lauréat. Les qualités reconnues de ce projet ont été soulignées par le jury, notamment les suivantes :
- La recherche effectuée menant à une approche conceptuelle intégrant les caractéristiques historiques et contextuelles de Drummondville;
- La qualité de l'insertion urbaine et de l'optimisation du site;
- La force de l'expression architecturale et sa formalisation;
- Le parti architectural tant extérieur qu'intérieur favorisant les échanges au plan social et culturel;
- La fluidité de la circulation sur le site;
- L'intégration de la patinoire comme élément complémentaire au projet d'ensemble.
Les membres du jury ont tous signé la nomination du lauréat et recommande au promoteur le consortium : Chevalier Morales + DMA architectes en consortium, à titre de lauréat.
Recommandations du jurv
Au bénéfice des développements à venir, le jury apporte les recommandations suivantes afin de bonifier la proposition:
- Valider l'adéquation de la superficie proposée en regard de la collection projetée, et optimiser les espaces s'il y a lieu,
- Proposer des solutions de contrôle en fonction des deux entrées principales,
- Minimiser les impacts des entraves visuelles sur les deux niveaux.
- Démontrer le secteur d'agrandissement dans l'avenir pour la Société d'histoire de Drummondville.
- Simplifier la proposition du contrôle des secteurs ayant des heures d'ouverture différentes,
- Assurer à la Société d'histoire de Drummondville et au Service des arts, de la culture et de l'immigration, un accès universel en dehors des heures d'ouverture de la bibliothèque,
- Valider la position exacte de la patinoire avec les responsables de ce projet distinct,
- Contrôler l'offre alimentaire du café pour minimiser les contraintes techniques en raison de sa localisation centrale.
(Tiré du rapport du jury)
Président du jury |
Francine Ruest-Jutras, Ex-mairesse
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Jury | Annick Bellavance, Conseillère Municipale |
| Jacques Cossette, Architecte |
| Michel Faucher, Architecte |
| Maisonneuve Marianne, Architecte |
| Francine Ruest-Jutras, Ex-mairesse |
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Comité technique | Francis Adam |
| Julle Bourque |
| Pierre Daniel |
| Martin Dubé |
| Louis Réjean Gagné |
| Yves Grondin |
| Denis Jauron |
| Roger Leblanc |
| Jean-Pierre Levasseur |
| Sylvain Rioux |
| Jean-Patrick Talbot |
| Jean-Guy Théorêt |
Publications appel de candidatures: 23 juin 2014
Fin de la période des questions: 16 juillet 2014
Dernières réponses aux questions :18 juillet 2014
Dépôt des Dossiers de candidature: 15 août 2014
Jury et sélection des Finalistes: 28 août 2014
Divulgation des Finalistes: 9 septembre 2014
Diffusion des résultats: 9 septembre 2014
Signature des mandats aux Finalistes: 12 septembre 2014
Début Prestations des Finalistes: 12 septembre 2014
Visite du site / Rencontre Promoteur+Finalistes: 12 septembre 2014
Début de la période des questions: 12 septembre 2014
Fin de la période des questions: 8 octobre 2014
Dernières réponses aux questions: 10 octobre 2014
Dépôt des Prestations: 13 novembre 2014
Comité technique: 25 novembre 2014
Entrevues des Finalistes: 3 décembre 2014
Délibérations du Jury et sélection du Lauréat: 4 décembre 2014
Divulgation du Lauréat: 15 décembre 2014
Diffusion des résultats: 16 décembre 2014
(Extrait du règlement du concours)
La nouvelle bibliothèque municipale de Drummondville officiellement inaugurée, Radio-Canada.ca, 2017
Concours pour la bibliothèque de Drummondville
FINALISTES - Ville de Drummondville - "Concours pour la nouvelle bibliothèque", Kollectif, 2014
"Lauréats du concours d'architecture pour la nouvelle bibliothèque de Drummondville", Kollectif, 2015
Rochette, Yannick, Nouvelle bibliothèque à Drummondville : Ouverture en août ?, 2017
Concours d'architecture de la bibliothèque de Drummondville : les 4 finalistes, Portail Constructo, 2014
Objectif LEED pour la nouvelle bibliothèque de Drummondville, Voirvert.ca, 2016
Poisson, Yannick, Une bibliothèque de 20,7M$ pour Drummondville, La Tribune, 2015
Future bibliothèque municipale de Drummondville
Bibliothèque Municipale Drummondville 2017 / Édifice Francine-Ruest-Jutras
Une nouvelle bibliothèque publique à Drummondville, Portail Constructo, 2017
Le jour J pour la Bibliothèque publique, L'Express, 2017
ICI.Radio-Canada.ca, Zone Société-, Une nouvelle bibliothèque écoénergétique à Drummondville, Radio-Canada.ca, 2017
Édifice Francine-Ruest-Jutras et Bibliothèque publique de Drummondville : le maire Alexandre Cusson et le ministre Luc Fortin procèdent à l’inauguration, Ville de Drummondville, 2017
Ville Drummondville, Inauguration et portes ouvertes de l'édifice Francine-Ruest-Jutras
La nouvelle bibliothèque ouvrira le 18 août, L'Express, 2017
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