ET SILLON - DANS LES SALONS QUATRE SAISONS
L'avenue McGill College réinventée, c'est d'abord un morceau de la montagne, de notre forêt ancestrale, complété par un axe historique et culturel sur lequel ruissellent les eaux de la ville contemporaine. L'ouverture depuis l'esplanade recadre la vue du mont Royal comme un grand tableau vivant et comme la perspective identitaire de Montréal. Sous la nouvelle canopée, des niches de biodiversité s'introduisent au coeur du centre-ville de Montréal, une fenêtre sur le monde vivant dont nous devons prendre grand soin. La proposition est ancrée sur la Promenade fleuve-montagne et se positionne comme une invitation linéaire, axée sur une programmation souple, non intensive, en retrait de la foule grouillante sur Sainte-Catherine.
La généreuse esplanade s'étend sans interruption le long de l'axe historique de la rue McGill. L'axe et la pente relativement forte sont soulignés par un sillon qui, lorsque rincé d'un mince filet d'eau de pluie ou de fonte de neige, reflète le ciel. L'imaginaire proposé n'est pas sans rappeler les installations de caniveaux et de bassin de régulation le long du chemin Olmsted sur la montagne : le geste célèbre le ruissellement naturel de l'eau, de la montagne au fleuve. Le sillon prend la forme d'une baissière dans la trame du pavé, au profil variable, au déploiement sinueux. Il méandre entre les galets, une collection de pièces de mobilier à la fois énigmatiques et précieuses, qui offrent des moments d'intimité et des lieux d'interaction physique et visuelle avec la nouvelle avenue.
À la rencontre entre le boisé et l'esplanade, le sillon découpe des clairières et des passages, des lieux de confort et des salons. Un long banc-bordure se déploie le long des plages boisées. Cette pièce relie et rassemble dans un grand geste organique tous les lieux publics. Réunis dans ce parcours, le jardin des Pins au pied du portail Roddick, le Grand Foyer à la croisée de la rue Sainte-Catherine et le jardin d'O face à la montée monumentale de la place Ville-Marie, sont des destinations qui ramènent la longue avenue à une dimension plus humaine. Ensemble, les différents environnements publics, d'échelles variables et aux usages flexibles, permettent le regroupement de 2 à 400 personnes.
L'échelle de l'esplanade est monumentale, mais humble. Sur un sol matériellement rehaussé, c'est le sillon et les galets qui assurent à l'axe historique sa nouvelle valeur identitaire, en conjonction avec les pans boisés. Entre culture et nature, la composition invite les passants à des moments de pause, de rencontres ou à simplement contempler les vues et le contact avec la nature. Un grand soin à la planification du couvert végétal et à la gestion de la biodiversité assurera la pérennité de cette nouvelle infrastructure paysagère.
Fondamentaux au concept, l'esplanade, le sillon et le long banc sont chauffés à l'aide d'un système radiant, assurant au nouveau lieu extérieur sa place comme destination hivernale privilégiée. Le système permet une gestion de déneigement différenciée, mais surtout une place à la neige dans notre centre-ville. L'avenue se dote d'un caractère unique grâce aussi au Grand Foyer, au carrefour de la rue Sainte-Catherine : une pièce maîtresse et le principal lieu collectif de confort hivernal avec son anneau de feu. Authentique, puissant, risqué, le feu est l'élément qui nous rassemble depuis toujours. Il nous chauffe, nous nourrit, nous éclaire et inspire nos récits. Passé l'hiver, le foyer se transforme en un petit amphithéâtre urbain et en un des deux réservoirs d'eau lors des grands événements de pluie. Lors des canicules estivales, une bruine offre un répit soulageant. Comme l'ensemble de la proposition, le Grand Foyer c'est la célébration des quatre saisons, mais surtout de la résilience de Montréal à son dur climat. C'est une invitation à sortir du souterrain de Montréal.
Sol radiant, filet de feu, bruine, Montréal possède la capacité technologique sur McGill College de réunir des composantes innovantes, déjà présentes sur son territoire. Mais outre cette technologie, le plan profite des conditions bioclimatiques existantes, façonnant les lieux et leur matérialité suivant une étude sensible des qualités de lumière et des ombres présentes, au gré des saisons. Les microclimats sont investis, offrant confort au visiteur été comme hiver : pour une bouchée à l'ombre d'un pin par une chaude soirée d'août, ou pour un bain de soleil sur un galet en novembre.
Et si on faisait flotter des bateaux en papier le long de l'avenue McGill College? Et si on se rassemblait au jardin des Pins avant le cours de philosophie ou pour un vin chaud autour du Grand Foyer? Et si on se retrouvait à une table commune sous les feuilles d'automne, à reconnaître une mésange?
L'avenue McGill College réinventée, c'est un sillon, des salons et la célébration des saisons; c'est eau et nature dans un environnement urbain authentique et diversifié; c'est la rencontre du formel et de l'informel pour le plaisir de vivre Montréal.
PATRIMOINE ET MISE EN VALEUR DES VUES
L'avenue McGill College, c'est la grande avenue identitaire du centre-ville de Montréal. On peut dire que sa forme actuelle est une matérialisation et manifestation du discours sur le retour à la ville qui a mûri à Montréal à la fin des années 1980. En soi, c'est significatif et toujours d'actualité. Mais au-delà de son identité urbaine actuelle, l'avenue McGill College et ses abords forment un véritable paysage culturel, un lieu témoin de l'interaction des Montréalais et de la géographie de Montréal, de l'évolution de la ville, de ses traditions et des modes de vie des Montréalais.
Comme paysage culturel, l'environnement urbain de McGill College présente de multiples valeurs patrimoniales et des éléments caractéristiques qui donnent forme à ces valeurs. Le patrimoine associé à l'avenue est à la fois tangible et intangible : tangible dans son tracé ou par sa connexion historique au campus universitaire, à titre d'exemples; intangible comme témoin des batailles livrées pour la mise en valeur du mont Royal ou comme théâtre du passage des saisons, par exemple.
Le concept Et Sillon s'inscrit avec sensibilité dans l'univers culturel de l'avenue et renforce son environnement patrimonial multidimensionnel. Le concept renforce une série d'éléments caractéristiques liés aux valeurs patrimoniales du lieu, et ce à différentes échelles :
- Patrimoine urbain - La création d'une esplanade piétonne alignée avec l'axe historique et le portail Roddick de l'université McGill.
- Patrimoine paysager - Le dégagement et la mise en valeur de la grande vue sur le mont Royal; le recours à la végétation pour souligner le passage des saisons; la célébration de la topographie du flanc sud du mont Royal par le ruissellement de l'eau.
- Patrimoine moderne - Une relation physique et visuelle avec l'espace public de la Place Ville-Marie.
- Patrimoine commercial - Le support à l'activité commerciale intrinsèque au lieu à l'aide de terrasses publiques et en assurant le débordement commercial vers l'emprise de l'avenue.
- Patrimoine architectural - Le cadrage de vues sur le patrimoine bâti le plus significatif et sur les oeuvres d'art du domaine privé à partir des alcôves intégrées à l'aménagement.
- Patrimoine culturel - Le support à l'animation hivernale par des aménagements chauds.
Le sillon s'inscrit dans la longue lignée de cette interaction entre paysage et urbanité qui caractérise l'histoire de l'avenue McGill College. Le nouvel aménagement, fondé sur un principe de continuité, formera la nouvelle étape de l'évolution urbaine, commerciale, paysagère et culturelle de ce lieu reconnu.
STRATÉGIE VÉGÉTALE ET DE BIODIVERSITÉ
Sur cet axe significatif entre le mont Royal et la Place Ville-Marie s'établit un dialogue entre la ville et la montagne. Mi-boulevard, mi-boisé, le projet propose une promenade dynamique où se côtoient de manière contrastée une coulée verte, en prolongement de la montagne, et une esplanade, de nature plus urbaine sur la trace de la rue d'origine. Le long de cette promenade principale sont maintenues les vues vers la montagne et celles vers la Place Ville-Marie. Elles sont cadrées par un alignement d'arbres aux troncs expressifs, mi-urbains, mi-sauvages, en une relation dynamique au paysage, parfois plus filtrées, parfois plus dégagées. Les deux pôles aux extrémités nord et sud forment deux jardins thématiques, le jardin des Pins, où étudiants et passants peuvent trouver une certaine quiétude sous le couvert des conifères, les pieds sur le tapis formé par leurs aiguilles, et le jardin d'O, où les flâneurs sont invités à s'asseoir pour profiter du soleil tout en appréciant la vue vers Place Ville-Marie.
S'appuyant sur une caractéristique actuelle à la fois tangible et intangible, c'est-à-dire, la floraison printanière singulière de cette avenue, une dynamique spatiale et temporelle est générée par la plantation arboricole. Et Sillon célèbre les transformations saisonnières particulières à notre climat : la stratégie végétale, par la formation de quatre milieux distincts, rend visible les transitions climatiques tout au long de l'année. Ainsi, à travers la sélection de végétaux aux caractéristiques significatives, l'attrait saisonnier sur McGill College est étendu aux quatre saisons. Les espèces à floraison printanière ajoutées à celles déjà présentes sur l'avenue célèbrent le printemps. L'été est représenté par des espèces au feuillage dense et diversifié. L'automne est révélé par les feuillus aux colorations flamboyantes. L'hiver est signifié par les conifères à feuillage persistant qui contrastent fortement avec les paysages enneigés. Les choix aux accents saisonniers remarquables sont ensuite maillés afin d'assurer une transition évolutive dans la diversité déployée tant biologique qu'esthétique.
Les bénéfices liés au contact entre l'humain et des espaces verts de qualité sont nombreux et ont trait à la santé physique et mentale ainsi qu'à la possibilité de grandir au contact de la nature. L'introduction d'infrastructures vivantes en milieu fortement urbanisé est un atout essentiel de résilience dont les villes ne peuvent plus se passer.
(Tiré du texte du concurrent)
Étape 1
Appréciation générale
La proposition Et sillon... répond adéquatement au programme du concours et, dans sa forme actuelle, possède un fort potentiel de développement.
L'emprise de l'avenue McGill College y est subdivisée en deux : une portion végétalisée du côté ouest et une portion plus minéralisée du côté est. La mise en place d'un long banc génère un dialogue entre ces deux parties du projet. La présence du sillon d'eau constitue l'un des points les plus forts de la proposition. Le jury tient à souligner au finaliste la nécessité de porter une attention à la facilité d'entretien, à l'aspect sécuritaire, aux enjeux d'accessibilité universelle ainsi qu'à la pérennité des aménagements et des équipements techniques qui supporteront la présence de l'eau et du feu dans le projet.
Qualité conceptuelle et environnementale de la stratégie végétale
La stratégie végétale est présentée dans ses grandes lignes conceptuelle, mais le jury souligne que la question de la biodiversité doit être développée de manière approfondie.
Le jury comprend l'intérêt d'intégrer le pin blanc à titre d'un symbole autochtone. Cependant, il s'interroge sur son caractère anecdotique dans la description conceptuelle de la proposition et souhaiterait retrouver un plus grand ancrage conceptuel.
Qualité paysagère et patrimoniale
La proposition maintient le caractère d'avenue de McGill College. Le jury apprécie également l'inscription du projet dans son contexte urbain et territorial plus large par l'affirmation du lien entre fleuve et montagne. Le jury incite le finaliste à travailler les vues possibles à partir des espaces de repos (« salons »).
Qualité fonctionnelle - Usage
La proposition amorce un travail très intéressant sur le mobilier urbain qui entre en relation avec la présence de l'eau. Il s'agit d'un bel apport ludique exprimé à travers la présence des assises en forme de galet et du sillon d'eau. Le jury s'interroge sur le ratio entre les espaces végétalisés et minéralisés sur le tronçon entre les rues Cathcart et Sainte-Catherine O. Il rappelle que ce tronçon est voué à recevoir une plus grande animation et invite le finaliste à mieux étudier le potentiel d'usage et d'animation de cette portion du projet.
L'insertion du feu comme élément d'attrait et d'animation est à la fois curieuse et charmante. Il est proposé par le finaliste que le sillon ainsi que certaines assises soient chauffants.
Qualité fonctionnelle - Mobilité
La proposition répond adéquatement aux principaux enjeux de mobilité de l'avenue McGill College par la création d'un grand parcours linéaire nord-sud ainsi que par l'insertion de traverses régulières de la zone végétalisée.
Le jury anticipe néanmoins différents enjeux d'accessibilité universelle inhérents aux aménagements proposés. Les corridors de dégagement devraient être bien étudiés afin de générer des parcours continus suffisamment larges sans créer de goulot d'étranglement qui oblige les usagers à déambuler en file. La présence du sillon d'eau pourrait également soulever des enjeux d'accessibilité en fonction de sa profondeur et des détails de conception qui y sont associés. Comment assurer à la fois un bon fonctionnement technique de celui-ci tout en assurant une convivialité pour les usagers?
Étape 2 : Commentaires en vue de la finalisation du concept et de la réalisation des plans et devis
Stratégies végétales et qualité paysagère
- La disposition des arbres à grand déploiement devra être étudiée afin d'assurer la préservation des perspectives visuelles présentes sur l'avenue.
- Un possible rétrécissement en largeur de la zone végétalisée pourrait être envisagé, à l'est, pour améliorer les vues vers le mont Royal et renforcer la perspective et le caractère d'avenue.
- L'intégration des pommetiers au sud, en contraste marqué avec l'esplanade Place Ville Marie et les zones minéralisées des terrasses adjacentes, a plu au jury. Cette implantation dans la zone avec le plus de densité piétonne soulève toutefois des questionnements (appropriation difficile sous les pommetiers).
- Le sillon, qui représente la limite entre les espaces, mériterait d'être travaillé davantage, tant sur le plan conceptuel, que fonctionnel.
- Une rationalisation des interventions de design est souhaitable.
- La stratégie d'éclairage d'ambiance et de saison devrait être approfondie, notamment au regard de l'expérience hivernale.
Usage et appropriation
- La partition des espaces, en coupe transversale, est trop défavorable à l'occupation urbaine, notamment du côté ouest de l'avenue.
- Les expériences dans la zone végétalisée sont à réfléchir afin de varier les opportunités d'appropriation.
- Bien que le concept d'aménagement explore la question de l'appropriation hivernale, la relation entre les aménagements et les conditions climatiques devrait être approfondie de manière à tenir compte des corridors de vents descendants l'avenue.
Mobilité
- Le corridor de sécurité piéton qui longe le côté est de l'avenue n'est pas toujours juxtaposé aux façades des bâtiments, près de la ligne de propriété.
- L'accès au stationnement du Centre Eaton générera des conflits d'usage entre les piétons et les automobilistes, d'autant plus que l'accès est aménagé comme une zone partagée dans la continuité du corridor de déambulation principal.
- L'aménagement des traverses piétonnes aux rues transversales est peu détaillé à cette étape du projet, mais le jury invite l'équipe à prévoir rapidement des dispositifs de sécurité qui pourront s'intégrer harmonieusement dans le concept.
Considérations matérielles et techniques
- La question de la présence de la dalle chauffante doit être analysée rapidement en collaboration avec les équipes de la Ville. La dalle assure un confort hivernal appréciable, mais présente un facteur de risque d'innovation important (coût et entretien).
- La gestion des eaux pluviales doit être retravaillée (voir le rapport du comité technique).
- La configuration du mobilier sur un site en pentes variées présente des défis.
- Les considérations souterraines doivent être prises en compte rapidement dans le projet.
(Tiré du rapport du jury)
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