Il faudra me passer sur le corps
Une exaltation prosthétique
Urbanité
L'espace du Champs-de-Mars échappe à l'appropriation quotidienne, car il dépasse l'échelle humaine en proposant un environnement d'étendues asphaltées, de voies véhiculaires et de bâtiments monumentaux plantés au loin. Seul point de repère pour le corps errant à la recherche d'activité : la station de métro d'où on émerge pour se perdre dans le vacarme de la circulation, dans le flux de lumières incessant, dans l'activité dont l'échelle et l'intensité nous dépassent. Pour requalifier ce lieu, pour lui rendre son attrait pour les piétons, un renversement s'impose : que la tranchée de la machine soit rendue aux piétons, que le corps reprennent sa place dans la ville.
Sémiologie
Mais quel est ce corps auquel on doit redonner droit de gouverne? Comment le perçoit-on, le matérialise-t-on? Dans un milieu où tout n'est que flux et multiplicité, relations et communications, le corps imaginé n'est-il plus qu'une peau repliée, une surface d'inscription «incessamment parcourue par […] des expériences éphémères, donnant lieu à des effets de vie artificiellement induits : tact et contact, sensation et vibration, effleurement et frôlement, caresse et frottement, plaisir cutané, satisfaction brève, jouissance fugace, flux et écoulement. 1» Cette signification qu'on accorde au corps propose de nouveaux environnements perceptifs où l'activité d'un lieu est ramenée l'échelle humaine par la médiation de la peau. Alors comment habiter cette peau?
Tectonique
Pour faire de cette peau un espace appropriable, il faut en habiter les plis et replis qui seront construits autour d'un endosquelettes modulant leurs formes et mouvements. Le projet propose ainsi des axes structuraux pour enjamber et habiter la tranchée, des espaces de peau repliées pour vivre cette rencontre avec les flux et les énergies du site. Organisé en une série de dilatations et de compressions de l'espace cutané, le dispositif module une découverte progressive de la tranchée et de ses qualités. A travers cette promenade rejoignant ultimement deux rives isolées, on redécouvre un lieu de lumière, de son et de mouvement. A travers cet espace redonné au corps, l'expérience et les perceptions y est exaltée : les bruits réverbères sur les surfaces, la lumière embrasse les enveloppes courbes ; toute l'énergie y est canalisée, perçue en flux et en vibrations. Cet espace en devient donc un de découvertes inusitées où l'énergie est sublimée, célébrée.
(Tiré du texte du concurrent)
Le jury est sensible au rapport au corps humain qui anime toute la proposition. Celle-ci interpelle une nouvelle forme de ville et une nouvelle forme d'habiter la ville. Ces boyaux destinés à la circulation piétonne sont installés de manière aléatoire au-dessus de la tranchée. Ils sont constitués d'un squelette et d'une paroi souple partiellement repliée qui fait allusion à de la peau. Le besoin d'une relation intime à l'espace urbain, d'une réponse à l'agression de la ville est manifeste. On apprécie la qualité de l'objet tunnel et son échelle humaine.
(Tiré du rapport du jury)
10 numérisés / 7 accessibles
- Planche de présentation
- Planche de présentation
- Perspective
- Perspective
- Photomontage
- Photomontage
- Photographie