EVOLUTION DU ROLE DES PALAIS DE JUSTICE
Traditionnellement, le rôle premier de l'administration de la justice à l'intérieur des murs d'un palais de justice était de permettre aux tribunaux de rendre des jugements, soit pour mettre fin à des litiges en matière civile, soit pour assurer l'application des lois criminelles et pénales .
Le palais de justice était alors le lieu privilégié de ceux, juges, avocats ou auxiliaires de la justice qui y travaillent quotidiennement. Le citoyen y avait accès surtout pour obtenir justice.
Au cours des dernières décennies, la justice a étendu et diversifié ses activités pour mieux répondre au développement social et économique d'une société en évolution, de telle sorte que le palais de justice est devenu un endroit de services non seulement aux justiciables, mais également à tous les citoyens.
Aujourd'hui, le citoyen se rend au palais de justice pour s'y marier civilement; il y vient pour enregistrer des déclarations de sociétés ou encore pour y faire un dépôt volontaire. C'est un endroit ou on traite d'affaires familiales, de probation et à grâce à la présence du Tribunal de la jeunesse, on y traite également de questions relatives à la jeunesse.
De plus en plus, le citoyen considère le palais de justice non seulement comme un endroit où il va défendre ses droits, mais aussi où il peut s'en enquérir. Il faut donc que le palais de justice donne l'image d'un endroit accueillant où le citoyen puisse se retrouver et éprouver un sentiment d'appartenance.
Si au cours des dernières années les institutions judiciaires ont dû s'adapter aux besoins de l'heure, elles devront dans l'avenir s'orienter vers de nouvelles perspectives. La cadence accélérée de l'évolution sociale, économique et technologique ne permet pas de s'arrêter en cours de route.
Certains indices comme la déjudiciarisation progressive de certains tribunaux, une tentative d'uniformisation de la procédure judiciaire, laissent déjà présager de nouveaux modes d'action des institutions judicaires. Des techniques nouvelles, comme l'informatique pour une meilleure diffusion de l'information, l'enregistrement des débats, le microfilmage des documents légaux et leur visionnement font déjà leur entrée discrète dans nos palais de justice. C'est un signe du désir de la justice de profiter du développement technologique.
Puisque nos institutions judiciaires doivent de toute évidence participer à l'existence de la collectivité et se tenir dans le courant du progrès, le cadre physique qui les abrite, soit, le palais de justice, doit fournir toutes les conditions rendant possible l'évolution.
L'EMPLACEMENT DANS LA VILLE
Le futur Palais de justice de Québec sera construit à la basse ville de Québec à l'est du quartier St-Roch et dans le secteur de l'ancienne Gare du Palais.
Ce site se trouve à la jonction d'artères majeures de circulation automobile à Québec, soit l'autoroute Dufferin-Montmorency, le boulevard Charest - rue St- Paul et le boulevard Des Capucins.
A la jonction d'artères majeures de circulation (autoroute Dufferin, boulevard Charest et boulevard des Capucins) ce bâtiment sera voisin du projet municipal de gare intermodale.
Ce projet peut aussi contribuer à mettre en valeur et à entraîner le développement des berges de la rivière St-Charles et des terrains avoisinants. Anciennement à vocation industrielle, ces terrains sont maintenant principalement destinés à l'habitation. Le Bassin Louise et le Fleuve St-Laurent peuvent enfin constituer un centre d'intérêt visuel.
APERÇU DU PROGRAMME DES BESOINS
Le futur Palais de justice devra s'intégrer à la trame urbaine du quartier dans lequel il sera implanté. Les accès et aménagements extérieurs devront contribuer à rendre l'ensemble du projet accueillant.
Une partie des stationnements mis à la disposition des occupants sera logée en sous-sol; l'autre partie prévue pour ces derniers ainsi que les places réservées au public seront aménagées hors-terre à proximité du bâtiment principal.
La planification des circulations internes tiendra compte des différentes activités et de la clientèle diversifiée que l'on retrouve à l'intérieur du palais de justice. Ainsi, on prévoira cinq types de circulations:
- une circulation publique qui desservira principalement les salles d'audiences et les services aux cours tels les greffes;
- une circulation restreinte, principalement réservée à la magistrature, qui reliera les bureaux des juges aux salles d'audiences. Cette circulation contrôlée servira aussi aux jurés, au personnel des cours et, occasionnellement, à des avocats ou visiteurs;
- une circulation sécuritaire adulte par laquelle circuleront les prévenus et leurs gardiens. Cette circulation reliera le sas des véhicules cellulaires aux quartiers de détention adulte et aux satellites de détention adjacents aux salles d'audiences des cours pénales;
- une circulation sécuritaire juvénile qu'emprunteront les jeunes et leurs surveillants pour se rendre du sas des véhicules aux locaux du garde des jeunes;
- une circulation de service pour les besoins spécifiques d'opération du bâtiment.
(Tiré du programme du concours)
INTRODUCTION
La grande qualité des présentations que le Jury a eu le loisir d'analyser en détail pendant les dix jours de sessions mérite d'être soulignée. Un programme de besoins complexe, des exigences très rigoureuses, des délais relativement courts n'ont pas empêché les concurrents de fournir des projets dont la qualité et la diversité ont su soutenir l'attention.
Après une analyse approfondie de tous les projets et sans négliger leurs caractéristiques particulières, il est apparu à l'ensemble du Jury que trois de ces projets présentaient un intérêt nettement plus marqué, de telle sorte que le choix du gagnant a exigé beaucoup de rigueur et d'attention.
REMARQUES GÉNÉRALES CONCERNANT LES CINQ PROJETS
1- Respect du programme
D'une façon générale les cinq concurrents ont fait un effort sérieux pour concilier les divers objectifs et exigences du concours. Il faut toutefois noter que chacun des concurrents n'y est pas parvenu avec un égal succès. Tous ont relativement bien tenu compte des besoins en espaces quoiqu'on ait constaté dans certains cas des dépassements substantiels dans le total des superficies. De plus, on a noté une qualité très variable des projets en ce qui a trait à l'organisation fonctionnelle des espaces. Les principales faiblesses notées avaient trait au zonage et aux interrelations, à l'organisation d'issues. En général, on peut quand même admettre un sérieux effort pour répondre au mieux aux besoins du Palais de justice. Cet effort s'est traduit dans deux cas par une clarté d'aménagement qu'on peut estimer remarquable si l'on tient compté de la complexité des fonctions et des circulations exigées par le programme. Enfin, à la suite de son analyse le Jury n'a relevé aucune dérogation significative aux conditions essentielles établies dans les règlements du concours et qui aurait pu avoir quelques influences dans son choix.
2- Intégration à l'environnement
La réalisation du Palais de Justice devant constituer l'amorce d'une revitalisation du secteur de la gare du Palais, et de tout l'entourage urbain, l'intégration à cet environnement devenait un objectif majeur du programme. L'interprétation de cet objectif par les concurrents s'est exprimée d'une façon qui reflète une diversité d'optiques dans le développement du secteur. Certains ont opté pour un parti plus volontaire et autonome, alors que d'autres ont davantage recherché une échelle en accord avec les constituantes du milieu existant et prévisible. On retrouve ainsi, soit des implantations typiquement urbaines sur rues, soit des bâtiments qui s'isolent de façon marquée.
En général, le vocabulaire architectural des divers projets est dans le courant des constructions modernes: prédominance du verre ou fenestration à l'horizontale. Toutefois, dans quelques cas, on a pu noter certains rappels de l'architecture traditionnelle du milieu: en particulier dans la composition de certains toits.
L'aménagement du site sous les aspects de l'accès véhiculaire, de la circulation piétonne, des relations et des espaces avec l'entourage a été traité avec beaucoup d'attention dans la majorité des projets. Les solutions à ce chapitre ne présentent pas de l'avis du Jury une égale qualité. Ainsi, les faiblesses notées dans certains projets ont trait aux conflits entre les véhicules et le piéton ou aux mauvais raccords avec les voies urbaines. Dans l'aménagement même des espaces, certains ont exploité au mieux les potentialités du site en donnant préséance aux piétons et favorisant l'ouverture sur les abords de la rivière St-Charles.
Dans l'esprit des objectifs du programme, le Jury s'est penché sur la façon dont les projets exploitaient les différentes percées visuelles aussi bien que sur la perception qu'on pouvait avoir du projet selon divers lieux d'observation situés dans la ville. Il y a lieu de souligner le souci manifesté dans certains projets de présenter un visage sympathique aux résidents de l'entourage.
3- Ambiance humaine et intégration des oeuvres d'art
L'appréciation de l'ambiance humaine d'un projet comporte deux aspects complémentaires: d'abord la qualité architecturale intérieure et extérieure (esthétique des espaces, de l'accueil, des relations, de la volumétrie, de l'enveloppe et des traitements); ensuite l'animation des lieux par les oeuvres d'art, considérée comme le prolongement ultime du concept architectural.
Il faut noter que cette synthèse a été particulièrement bien réalisée dans deux des projets soumis où la qualité des atriums ajoute a la diversité et a la continuité des ambiances. Fait à noter c'est encore dans ces deux cas que le maximum d'attention a été apportée à l'aménagement des locaux du personnel clérical.
Dans la recherche de cette synthèse, un autre projet suit d'assez près. Il accentue la fonction d'accueil par la qualité d'un mall intérieur et des espaces qui y sont associés. Enfin, dans un autre cas, c'est dans un esprit plus monumental que cette synthèse a été recherchée.
Concernant plus particulièrement l'intégration des oeuvres d'art au projet, chacun des concurrents a porté une attention marquée à cette question, traitant l'intégration des oeuvres d'art avec une assez grande variété d'approches. Toutefois, le Jury s'est montré particulièrement sensible à ceux des projets qui ont fait appel à de multiples disciplines artistiques et qui ont su exploiter au mieux les centres d'intérêt par une implantation stratégique des oeuvres.
4- Considérations techniques (construction et systèmes)
En général, les projets présentés répondent bien aux objectifs de saine construction, de durabilité, d'habitabilité. Aucun problème significatif n'a été noté quant à la facilité d'exécution de ces projets. On a pu noter par contre qu'en certain cas des détails pouvaient exiger des soins particuliers dans leur exécution et que certaines présentations, surtout en mécanique, se sont avérées faibles.
5- Les coûts
Après vérification par les experts-conseils mis a la disposition du Jury, on a pu noter que les projets présentaient des estimés budgétaires bien à l'intérieur du budget proposé par le ministère sauf dans deux cas où des dépassements ont été notés. Ces dépassements n'étaient pas suffisants pour entraîner le rejet ces projets en cause.
6- Les échéanciers
Dans la majorité des cas les échéanciers ont été jugés réalistes et bien faits. Les autres prévoyaient une période jugée insuffisante, soit pour la préparation des plans et devis, soit pour la construction du projet.
CONCLUSION
A la suite de l'expérience qui vient d'être vécue au cours de ce Jury, il serait d'intérêt de transmettre au ministère une dernière réflexion. La formule des concours fournit assurément l'occasion d'une recherche plus poussée de la qualité des oeuvres sous leurs aspects les plus divers. Jusqu'à un certain point, cette formule favorise l'originalité et l'innovation tout en évitant par un programme bien établi de verser dans le spectaculaire.
En ce sens, les concurrents du présent concours ont travaillé dans cet esprit, croyons-nous, et méritent l'expression de notre appréciation.
(Tiré du rapport du jury)
-
Dimakopoulos, Magnan & Associés / Chabot, Gilbert, Jarnuskiewcz, Mainguy / Larose, Laliberté, Pétrucci (Lauréat)
-
Archard & Boivin / Bégin & Rodrigue / Lemay & Leclerc
-
De Montigny, Dion, Métivier, Gagnon / David, Boulva, Cleve / Blouin, Blouin & Associés
-
Jodoin, Lamarre, Pratte & Associés / Arcop & Associés / Doran & Dubé
-
Gauthier, Guite, Roy / St-Gelois, Tremblay, Bélanger
Président du jury |
Jean Ouellet, Architecte
|
Jury | Maurice Desnoyers, Architecte |
| Jacques Fortier, secrétaire du ministère |
| Gilles Gascon, Ingénieur |
| Guy Guérin-Lajoie, Architecte |
| Eva H. Vecsei, Architecte |
| Paul Laflamme, Avocat |
| Jacques Lafrance, Ingénieur |
| Robert Lefebvre, Architecte |
| Louis Marceau, Ingénieur |
| Claude Panet Beaubien (Fils), Architecte et Ingénieur |
| Jean Rousseau, Directeur du Service d'Urbanisme |
| Jean Taillon, Ingénieur |
| Gabrielle Vallée, Juge à la Cour supérieure |
|
|
|
|
|
|
-- mars 1979: Lancement du concours
19 avril 1979: Clôture de l'étape de soumission de candidature
25 avril 1979: Sélection des équipes concurrentes
08 août 1979: Dépôt des propositions de projets
23 août 1979: Recommandation du Jury
27 août 1979: Attestation de la Vice-présidente du Jury
06 septembre 1979: Dévoilement de la maquette gagnante
01 novembre 1979: Signature des contrats de services professionnels
(Tiré des documents de concours)
Compte-rendu et attestation du jury, 1979, Ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement
Jean Ouellet, Recommandation du Jury concernant la tenue d'un concours en vue de la construction du Palais de Justice de Québec, 1979, Ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement
Jean Ouellet, Dévoilement de la maquette gagnante, 1979, Ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement
Bernard Angers, Communiqué au sous-ministre concernant la documentation du concours, 1979
- Liste des membres du jury
- Liste des membres du comité technique
- Photographies
- Organigramme
- Plan
- Tableau des superficies
- Règlement
- Critères d'évaluation des projets
- Rapport du jury (global)
- Communiqué
- Communiqué
- Communiqué
- Communiqué
- Programme