Mise à jour torontoise : Dundas Square (1998) et Fort York Visitor Center (2009)
Les élus de la ville reine n’ont pas hésité au cours des dernières années à recourir au processus du concours pour en transformer d’importants espaces publics dont le
Nathan Phillips Square ou les rives du lac Ontario. Toronto semble aujourd’hui être bonne première au palmarès des villes de concours urbains.
La documentation torontoise nous arrivant cependant au compte-goutte (avis aux intéressés), le Laboratoire d’étude de l’architecture potentielle (LEAP) amorce en 2011 en présentant, quelques années après leurs tenues, deux concours d’un grand intérêt. Leur archivage au
CCC contribuera à dresser un portrait plus complet du rôle des concours dans le développement de la ville de Toronto et des idées architecturales et urbaines qui en sont issues. Le projet lauréat du premier concours présenté ce mois-ci,
Dundas Square, est aujourd’hui construit, le
Fort York Visitor Centre, quant à lui en attente de financement, devrait être réalisé sous peu. Onze années se sont écoulées entre les deux concours et on notera que le passage d’une décennie se manifeste principalement dans ces projets au niveau de la maîtrise de la représentation numérique et de l’apparition de préoccupations évidentes pour le développement durable.
Dundas Square est situé au cœur de la ville, à l’intersection de la rue Yonge, l’artère principale de la ville, et de la rue Dundas. Il s’agit d’un nouvel espace urbain qui était destiné à devenir le
Time Square de Toronto et à la réalisation duquel une section du tissu urbain ponctué de petits commerces typiques de la rue Yonge a été sacrifiée au grand dam de certains.
En première étape, 48 candidats ont présenté une équipe et exposé leurs intentions, de ceux-ci six concurrents ont été retenus pour élaborer un projet en seconde étape contre rémunération. Les concurrents ont dû composer avec un site au périmètre irrégulier, un stationnement souterrain de trois étages et demi réalisé par un tiers, une connexion au métro et au
PATH (le Toronto souterrain), une billetterie (
T.O. TIX, le pendant torontois du TKTS new-yorkais), ainsi que plusieurs activités populaires. Le programme annonçait également l’installation d’écrans géants en façade des édifices en bordure du square.
Curieusement, ce contexte tapageur aura inspiré au moins deux propositions des plus sobres, dont celle des lauréats Brown and Storey Architects, une firme reconnue pour ses interventions urbaines sensibles qui s’est inspirée de son travail sur les ravins de Toronto pour développer un projet tout en nuances tablant sur l’histoire du site. Kohn Shnier Architects moins connus pour la discrétion de leurs interventions auront également pris le parti de la sérénité lovée «dans l’œil de la tornade». À l’usage cependant, une fois le projet lauréat réalisé et les édifices adjacents complétés, il semble bien que la tornade l’ait emporté.
Le concours pour le
Fort York Visitor Centre, lancé en prévision des célébrations du bicentenaire de la guerre de 1812, proposait un exercice de conception architecturale fascinant traitant de l’histoire, du territoire ainsi que des notions de limite et d’échelle. À titre de rappel, la guerre de 1812 a opposé la Grande-Bretagne aux États-Unis et le Fort York situé dans le Haut-Canada aura été pillé à deux reprises au cours des affrontements.
Le fort construit sur les rives du lac Ontario, à l’embouchure de
Garrison Creek (garrison du français « garnison »), est aujourd’hui cerné par les gigantesques piliers de l’autoroute Gardiner, cette interminable infrastructure surélevée qui sépare le centre-ville de Toronto de son front de lac, par l’importante emprise ferroviaire du CN et par la rue Bathurst. Avec le temps et l’urbanisation, des remblais ont effacé
Garrison Creek et déplacé la rive du lac 500 mètres au sud. Le contexte territorial du fort a été bouleversé au point d’en devenir totalement incompréhensible.
Les quatre firmes qui se sont prêtées à l’exercice du concours à la suite d’un appel de candidatures ont proposé des projets originaux et très développés, autant de stratégies de réinterprétation de ce contexte difficile. Dans tous les cas, les projets implantés sous les piliers de la Gardiner, ou tout contre eux, traitent d’une négociation entre la nature étrangement bucolique des
commons situés à proximité du fort, la réalité de la ville contemporaine et le rapport à l’autoroute Gardiner. Et en fin de parcours, la netteté et la force de représentation tranquille de la proposition des lauréats, Patkau Architects/Kearns Mancini Architects, qui offre une lecture habile et idyllique de l’autoroute (un des rendus est d’ailleurs repris par la
Fort York Foundation en page d’accueil de son site en 2011 aura à l’évidence pesé significativement dans la balance du jugement architectural. À vous de voir.
The jury compliments the City for its vision and for persisting in its efforts to create a new public space for all the citizens of Toronto. In a world energized by commerce and the media it is of the utmost importance to foster a genuine public spirit and public life by the creation of authentic public space. Dundas Square is an insertion into the beating heart of this city, one that will enhance both the immediate surroundings and the entire body.
We applaud the design competition as a device for bringing forward new ideas and voices and we especially admire the preliminary process which included such a high level of involvement from members of the community. We were fortunate to have the opportunity to meet many of the interested parties during our deliberations. We have also benefitted from this guidance, background information and site tours.
The jury was faced with an extremely difficult task in selecting one of the six schemes. The contestants are to be complimented on the quality of their work and for working to a budget that is very tight. We debated at length the strengths and weaknesses of the schemes in order to decide which one provided the best basis and direction for the development of a detailed project.
It is our collective view that Dundas Square must be a place of the entire city, a place distinct from its surroundings, a common ground which receives, accommodates and connects activities and people, varied through them times of day, days of the week and seasons of the year. A safe, secure and inviting place which must present itself as unmistakably public, open and flexible, but convey a strong identity, be at home in a dense and hyperactive urban environment but at the same time provide possibilities of repose and achieving a degree timelessness which will guarantee that it is not lost and outdated when everything around it has changed.
The square must invite varied populations, be smart and flexible, have a clear sequence of arrival, and at the same time welcome serendipity and surprise. We are looking for the right first directions of design and a team capable of following through to create the great public space the city deserves.
Before reviewing the individual schemes, we have more specific comments that apply to all of them.
All the schemes would be much improved with another $500,000 to $1,000,000 to create a space fitting to the objectives of the redevelopment plan. This budget barely covers the cost of decent concrete paving, something that leaves little for enhancement, smart services, landscape etc.
It is essential that in construction of this square the City cake the long view. Flexibility for enhancement or change to the design over the very long run must be considered and built in to the specifications. A case in point is the budget caving now under consideration in raising the level of the parking garage. This should not be incorporated into the winning scheme, but rather the long-term flexibility of a 5-foot planting, working area should be retained.
The jury did wish to point out that in most cases the choices of technique of representation stood in the way of the jury's understanding of the schemes.
(Tiré du rapport du jury)