Quartier Champ-de-Mars : Carrefour des idées urbaines
Deux concours, 78 propositions, un grand lieu de rencontre des idées. Une réflexion sur l’aménagement des abords du métro Champ-de-Mars en deux concours d’idées, l’un s’adressant aux professionnels et l’autre aux étudiants. Non seulement cet événement a-t-il permis de faire ressortir les variétés des regards contemporains, mais il a fait travailler parallèlement professionnels et étudiants.
La problématique de ce secteur, au carrefour du boulevard Saint-Laurent et de l’autoroute Ville-Marie, n’est pas nouvelle. Déjà, en juin 1997, l’Institut royal d’architecture du Canada avait lancé un concours international d’idées sur la manière d’occuper l’espace de croisement entre ces deux artères. Bien que ce concours ait réuni 116 concurrents, il n’a conduit à aucun réaménagement. 12 ans plus tard, la Ville de Montréal propose une réflexion encore plus ambitieuse, en appelant les concurrents à travailler sur une aire d’intervention plus importante, du futur Centre hospitalier de l’Université de Montréal au Palais de justice, le site était bordé au nord par le faubourg Saint-Laurent et au sud par le Champ-de-Mars.
Ce concours a recueilli 78 propositions différentes, 47 dans le volet professionnel et 31 dans le volet étudiant.
Le défi à réaliser pour les concurrents était d’aménager un secteur d’approximativement 75 000 m2 directement en face de l’hôtel de ville. À la rencontre entre la vieille ville et le nouveau Montréal, traversé par le boulevard Saint-Laurent, qui sépare l’ouest et l’est de la ville, les propositions devaient métamorphoser ce noyau urbain, actuellement peu exploité, en un réel pivot architectural. Le concours d’idées a non seulement apporté une grande variété de formes et de propositions, mais aussi de nombreuses visions inédites sur ce que devrait être cet espace et comment la vie devrait s’y dérouler.
En ce qui a trait au volet « professionnel », deux approches principales se dégagent à travers les propositions. Certaines équipes s’inscrivent dans le courant des formes et figures en architecture montréalaise, issu des écrits de Melvin Charney, alors que la grande majorité propose une approche d’urbanisme de paysage contemporain. À travers ces deux démarches, une variété d’approches au contexte a été utilisée par les concurrents pour développer leurs propositions. Certains ont tenu compte de la verrière de Marcelle-Ferron, cherchant à prolonger ou à commémorer l’esprit créatif du mouvement du refus global. D’autres ont plutôt cherché dans la culture urbaine globale leur source d’inspiration. Les troisièmes n’hésitèrent pas à construire une démarche singulière, spectaculaire dans la communication et l’expérience des lieux. Dans tous les cas, chacun a trouvé une manière particulière de s’approprier l’espace de liberté offert par le concours d’idées.
En ce qui concerne le volet « étudiant », les propositions ont été conçues sur un ton fort différent de celles des professionnels. Les idées manifestent une grande liberté à l’égard des contraintes posées par la réalité. La plupart des propositions tentent de stimuler l’imaginaire et en appellent à l’expérience sensible du lieu. À la place d’énoncer directe- ment ce qui devrait être construit dans l’espace aménagé, les propositions révèlent une atmosphère qui entend représenter « l’esprit » de ce lieu charnière de la ville de Montréal. Et ces atmosphères sont souvent générées à travers des processus qui s’appuient sur les grandes lignes de la trame urbaine ou de l’histoire entre la vieille et la nouvelle ville, avec de nombreuses allusions à l’œuvre de Marcelle-Ferron. Des propositions étudiantes se dégage une volonté unanime de faire de ce lieu un espace où la vie est agréable et où l’austérité caractéristique est reléguée au passé.
Avec cet événement, force est de constater que Montréal s’affirme, depuis quelques années, comme un théâtre de concours d’architecture et de projets urbains, en particulier depuis la mise en place de l’initiative Réalisons Montréal : Ville UNESCO de Design. De tous les concours organisés sous cette bannière, l’aménagement des abords du métro Champ-de-Mars a rassemblé le plus de propositions. Non contraint par des coûts ou un programme spécifique, chacun a su amener sa vision d’un projet qui ne représenta pas qu’une manière de bâtir un secteur, mais bel et bien une manière de vivre sa ville. Qui plus est, ce concours a imprégné dans l’imaginaire architectural une richesse d’idées dont l’impact ne manquera pas de se manifester dans le monde en effervescence de l’architecture et de l’urbanisme. Affaire à suivre.
Ce concours d'idées est l''un des cinq « shukos » ou défis de création initiés par le maire de Montréal, monsieur Gérald Tremblay, dans la poursuite des engagements pris par la Ville de Montréal et les partenaires du Plan d'action 2007-2017 - Montréal, métropole culturelle, visant entre autres à promouvoir l'excellence en design et en architecture en généralisant la pratique des concours et par le fait même, à contribuer à l'affirmation de Montréal comme Ville UNESCO de design.
Le concours s'inscrit dans la poursuite de la démarche de planification détaillée autour de l'autoroute Ville-Marie présentée dans le Plan d'urbanisme de Montréal. Il est lancé en parallèle à une étude de faisabilité du recouvrement de l'autoroute Ville-Marie. Cette étude, pilotée conjointement par le ministère des Transports du Québec et la Ville de Montréal, permettra d'évaluer, entre autres options envisagées, la faisabilité technique et financière du déplacement de la bretelle de sortie autoroutière située aux abords de la station de métro Champ-de-Mars.
L'objet du concours est de permettre l'exploration et l'illustration de diverses possibilités d'aménagement rendues possibles par le déplacement éventuel de la bretelle autoroutière.
Dans le contexte du processus complexe de validations techniques, tenu en parallèle, il s'agit strictement d'un concours d'idées, dont les résultats visent à nourrir la réflexion des instances publiques, des groupes, des citoyens et des professionnels
concernés quant à l'avenir du secteur. Il ne s'agit donc pas d'un concours de projet visant la réalisation de l'une ou l'autre des propositions reçues dans le cadre du concours.
(Tiré des documents de concours)
Le jury, qui a examiné 78 propositions, constate le grand intérêt qu'a suscité le concours chez les deux catégories de concurrents (47 professionnels; 31 étudiants) et le foisonnement d'idées. Toutes les propositions étudiées n'en sont qu'à une étape schématique ce qui est conforme aux attentes liées à un concours d'idées. Beaucoup de questions sont ainsi soulevées en regard de l'utilisation des lieux publics et du contexte du recouvrement de l'autoroute Ville-Marie. L'objectif principal du concours, qui visait à nourrir la réflexion des instances publiques, des groupes, des citoyens et des professionnels concernés quant à l'avenir du secteur est donc atteint.
Les délibérations du jury ont fait l'objet de débats importants et animés concernant les approches en design urbain. Ainsi, l'ensemble des projets soumis a permis également d'engager des discussions intéressantes sur les approches à préconiser vis-à-vis de la programmation du site (réf. : densification, liens, habitation, mixité des fonctions, espace public, etc.).
Déroulement des délibérations pour la catégorie « professionnel » :
Après une rencontre sur le site des abords de la station de métro Champ-de-Mars où la conseillère professionnelle a présenté les enjeux et les défis urbains soulevés par l'aménagement d'un tel lieu, le jury regagne la salle pour commencer les délibérations.
La séance débute par un visionnement de l'ensemble des vidéos-animation 3D. Ensuite, le jury poursuit l'examen des propositions à partir des planches, fait trois tours d'élimination et sélectionne trois finalistes. Un vote secret permet d'établir le classement des trois propositions retenues.
Le jury souligne que l'importance stratégique et exceptionnelle du site tient en particulier à la perspective et à la vue qu'on a sur celui-ci de l'axe déambulatoire des places du Vieux-Montréal vers le Champ-de-Mars, et des bâtiments civiques qui lui font front au sud. Il y a donc obligation d'un geste fort et novateur pour ce site qui constituera un réel apport pour Montréal.
Il est aussi constaté que la majorité des idées proposées incluent tout l'espace non bâti du périmètre de l'autoroute. En effet, peu d'entre elles se limitent aux abords immédiats de l'édicule de métro. Les concurrents ont donc considéré que le site d'intervention est déterminé par l'importance du front institutionnel sud.
Recommandations :
Le jury adopte à l'unanimité la sélection et le classement des propositions de la catégorie « professionnel » et de la catégorie « étudiant ». Dans une perspective de sensibilisation des instances responsables de la construction des interfaces du site étudié, en particulier celles du CHUM, le jury recommande à la Ville de les informer officiellement des enjeux soulevés par les différentes propositions lauréates et des commentaires du jury.
La quantité et la diversité des projets soumis par les deux catégories de concurrents font la démonstration de la pertinence de la formule du concours. Le jury recommande à la Ville d'adopter une politique (ou d'examiner l'opportunité de la mise en place) du concours pour l'attribution de la commande publique et que celle-ci prévoit des concours de projets ouverts à l'international.
(Tiré du rapport du jury)